Le ministre de l’Intérieur, Sajid Javid, a annoncé que le gouvernement versera jusqu’à 200 millions de livres sterling d’indemnités aux victimes de la génération Windrush.
Aujourd’hui, jeudi 4 avril, Sajid Javid a assuré que les victimes de la Windrush generation seraient indemnisées. Cette affaire avait secoué le monde politique le 29 avril 2018, alors que la ministre de l’intérieur britannique, Amber Rudd, démissionnait après qu’un scandale politique l’eût atteinte. Celle qui a depuis été remplacée par Sajid Javid avait affirmé, devant une commission parlementaire ne pas être au courant de l’existence d’un quota précis d’expulsions des sans-papiers, parmi lesquels de nombreux immigrés de la génération Windrush.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’Angleterre doit faire face à de nombreux dégâts et traumatismes d’après-guerre. Alors, entre 1948 et 1970, le paquebot Empire Windrush fait plusieurs escales en Jamaïque, au départ dans la ville de Kingston, et rapatrie, en plus de militaires britanniques stationnés dans le pays, de nombreux Jamaïcains censés aider à la reconstruction du pays. Grâce au Commonwealth, cette génération Windrush obtient la nationalité britannique en 1962 et souhaite trouver une vie meilleure sur le territoire anglais.
Pourtant, un problème persiste : ces immigrés antillais obtiennent la nationalité britannique et le droit de vivre dans le pays, sans pour autant que le secrétaire d’état de l’époque ne leur accorde le moindre papier d’identité officiel, erreur qui aura, par la suite, de nombreuses répercutions. En 2012, la première ministre Theresa May assure vouloir rendre la vie de ses immigrés « clandestins » difficile, et créer un climat hostile pour ces personnes qui ne peuvent prouver officiellement leur identité, surtout depuis que leurs tickets de débarquement ont été détruits par les autorités britanniques en 2010. La carte d’identité n’étant pas obligatoire au Royaume-Uni et la plupart de ces immigrés étant trop pauvres pour voyager, ils n’ont également jamais fait de demande de passeport. Cette génération Windrush, pourtant bel et bien britannique depuis des décennies, s’est alors vu menacée d’expulsion et a dû faire face à de nombreuses difficultés, comme celles de ne pouvoir être soignée correctement sans possibilité de prouver la légalité de sa situation.
Ces 200 millions de livres sterling d’indemnités devraient être versés aux personnes dont la vie a été impactée par cette classification “d’immigrés illégaux”, par le ministère de l’Intérieur.
Cette nouvelle annonce de Sajid Javid intervient près d’un an après que le gouvernement ait reconnu que le traitement réservé à la génération Windrush avait été « épouvantable ». Il a promis de réformer son système d’immigration ainsi que d’indemniser les personnes touchées par cette politique d’environnement hostile.
Le ministre de l’Intérieur a déclaré à ce propos : « Rien de ce que nous disons ou faisons n’effacera jamais la blessure, le traumatisme, la perte que n’auraient jamais dû subir les hommes et les femmes de la génération Windrush, mais ensemble, nous pouvons commencer à réparer les torts du Windrush. »
Celui-ci a également assuré qu’il n’y aurait pas de plafond concernant les indemnisations, ce qui rend impossible l’estimation du montant qui sera éventuellement versé aux victimes. Les paiements ne seront pas limités aux personnes originaires des Caraïbes, mais versés à toute personne qui se trouve au Royaume-Uni depuis 1988 et qui a été classée, à tort comme immigrée illégale et qui, par conséquent, a perdu le droit au travail, l’accès aux soins de santé et la possibilité de louer des biens.
Johanna Arnoult