Mardi 11 juin 2019, a eu lieu à l’Institut français du Royaume-Uni une conférence inédite, suite à l’escale aux Docks de St Katharine du voilier Tara. Celle-ci portait sur la pollution plastique qui est plus que présente dans nos océans et rivières, ces étendues d’eau qui recouvrent 80% de notre planète.
Pour animer la conférence, le public a eu la chance de pourvoir rencontrer Romain Troubé, le directeur général de la fondation Tara Ocean. Jean François Ghiglione, le responsable scientifique de la nouvelle expédition, Tara Plastique. Mais aussi Holly Nel, chercheuse d’Afrique du Sud à l’Université de Birmingham et représentante de l’organisme 101 Plastic rivers.
Fondation Tara Ocean a été créée il y a 16 ans par Agnès B. Elle soutient la recherche et le partage des connaissances. Depuis 2003, onze expéditions ont été menées autour du globe, dans tous les océans sans oublier l’Arctique. Tara a trois principaux points de mire dans ses projets scientifiques, le climat, la biodiversité et la pollution.
Après l’expédition Tara Ocean, qui s’était déroulée de 2009 à 2015, 150 publications sont parues dont 12 dans Nature and Cells, une revue scientifique mais aussi dans le journal Science, ces écrits portaient sur les planctons et micro-organismes. Les relevés effectués durant les nombreuses étapes de cette longue aventure, ont permis de trouver de nouveaux gènes et d’apporter de nouvelles informations sur les micro-organismes marins. Tara Fondation ne travaille pas seule, elle agit en collaboration avec de nombreux laboratoires autour du globe ainsi que de nombreuses institutions, ce qui permet d’avoir un large panel d’analyses et de données.
Pour cette conférence londonienne, Tara et 101 Plastic rivers ont expliqué les buts de leurs organismes, les moyens qu’ils mettent en place pour essayer d’apporter des solutions, pour limiter la pollution plastique dans les cours d’eau. Ces solutions se trouvent directement à terre et elles passent par chacun d’entre nous. Quant aux mécanismes de récoltes des échantillons, ils se font au large mais dorénavant aussi dans les cours d’eau comme la Tamise. Sur le voilier Tara, ce sont des filets, aux mailles très fines, qui permettent de récupérer les micro-organismes et les micro-plastiques. Une fois ces derniers remontés à bord, ils sont conservés dans de la glace et observer scrupuleusement par les scientifiques. Le nombre de micro-plastiques récoltés sur la Tamise en 10 minutes est très important, les scientifiques prélèvent alors, environ, une trentaine voire une quarantaine de micro-plastiques qu’ils vont un par un mettre dans des petits tubes.
Le reste de la récolte ainsi que les tubes sont ensuite envoyés dans les douze laboratoires partenaires pour être analysés par des chimistes. Ces derniers détermineront s’il s’agit bien de plastique et quelle sorte de plastique. Ce qui permettra ensuite d’évaluer ce que les composants et polluants des plastiques ont comme effet sur les organismes marins, comme la croissance et le développement des poissons. Mais aussi si les micro-plastiques véhiculent des pathogènes et ce que produit leur invasion sur les planctons et bactéries marins.
Dans l’océan il y a 10% de déchets, 80% de cette pollution provient directement de la terre. Les micro-plastiques qui sont au cœur de l’expédition Tara plastique, n’atteignent pas 5mm. Dans l’alimentation des poissons, la moitié est composée de micro-plastiques, car ces derniers viennent se fixer sur les planctons.
Un travail scientifique intense
Le long processus d’analyse, qui est très minutieux, est assuré par quarante scientifiques qui se relaient. Mais à bord du voilier, il y a aussi des marins, qui aident lors des mises à l’eau des filets et qui contrôlent la navigation entre chaque étape du parcours. Scientifiques et marins ne sont pas là durant toute l’aventure, il y a des rotations plus au moins longues car le travail est intense et l’équipage n’a pas beaucoup de temps pour se reposer. En effet, chaque prélèvement se fait selon le marnage et ainsi juste après la marée haute.
Pour ce faire l’expédition passera par la mer du Nord, la mer Baltique, et la côte Atlantique. Mais aussi dans les principaux cours d’eau d’Europe comme le Rhin, le Tibre, la Loire,…
Quant à 101 Plastic Rivers, ce sont des chercheurs qui travaillent sur les rivières. Les plastiques qui proviennent de la terre descendent le long de ces axes fluviaux. Ils ont des partenaires dans le monde entier avec des instituts pour obtenir des échantillons et prélèvements de différentes rivières. Ils étudient notamment les résidus de micro-plastiques comme certains additifs utilisés dans les plastiques et qui ne sont pas décomposés mais qui sont toxiques. Or dans un plat de moules que nous mangeons il y a 300 différents plastiques qui se sont incrustés dans la moule et son environnement
Le partage, le mot d’ordre de Tara
L’expédition Tara Plastique fera 18 escales pendant ses six mois d’aventure. Toutes seront ponctuées de moments pédagogiques, un point fort de la fondation. Des écoles pourront aller à bord du voilier, il y aura aussi d’autres conférences et rencontres avec le public.
Car Tara fondation c’est aussi le partage des connaissances, l’accessibilité à tous de la science, la biodiversité et la biologie marine. Tout le monde sait que la pollution est présente, que les océans sont remplis de plastiques, mais pour changer les choses Tara et les autres protecteurs du domaine marin ont besoin de l’aide de toute la population. Cela commence par des choses simples, comme ne plus utiliser de bouteilles en plastique, acheter les produits le plus possible en vrac. Ce sont des choses simples du quotidien qui peuvent être réalisées en famille avec un côté ludique, par exemple cuisiner des cookies le dimanche pour les goûters de la semaine, son caramel maison ou encore créer sa propre lessive. Et détrompez-vous, tout ceci ne prend pas beaucoup plus de temps mais surtout vous aiderez les poissons à retrouver la vie qu’ils avaient avant que les humains n’inventent les déchets.
Alizée Bouchet