En ces temps de Brexit, voilà ces Français qui font fi des frontières et mélangent les cultures ce “je ne sais quoi” de français aux us londoniens. C’est le cas de Fanny Hill Scott, jeune journaliste qui transmet sa passion pour la culture hip-hop et rap en anglais dans son webzine A Rap & A Cup Of Tea. Rencontre.
Pourquoi avoir choisi le rap et la musique urbaine comme spécialités ?
Je pense simplement être une jeune journaliste de 23 ans ambitieuse et passionnée avec la musique comme point d’ancrage dans ma vie. Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours été attirée par ce genre de musique. A l’époque, j’écoutais du rap en cachette et à 9 ans je demandais aux plus grands que moi de me graver les nouveaux morceaux de Diam’s sur des CD vierges. J’ai toujours trouvé un certain réconfort dans le Rap, c’était pour moi une façon de m’exprimer à travers les mots des autres. Ce qui prime pour moi dans la musique, ce sont les textes et le message que les artistes tentent de faire passer à travers les beats. Le rap c’est un genre musical très textuel, et à mes yeux il réunit exactement ce que je viens de citer.
En choisissant ces musiciens français, vous sentez-vous ambassadrice d’une culture ?
Je ne sais pas si je suis vraiment ambassadrice de quoi que ce soit, mais j’espère apporter ma pierre à l’édifice en tout cas. Le Rap c’est quelque chose qui fait partie de ma vie au même titre que le serait un membre de ma famille. En m’installant à Londres, j’ai vite remarqué que le Rap Français devenait de plus en plus important ici, et il n’est plus rare d’en entendre un peu partout que ce soit dans les restaurants, les nightclubs, les magasins… C’était important pour moi de contribuer à cette émergence et de permettre aux rappeurs Français de pouvoir s’exprimer Outre-Manche.
Pourquoi avoir choisi le journaliste musical ?
C’était une évidence à mes yeux. Au lycée, j’ai passé un Bac Littéraire car j’avais un réel amour pour l’écriture, la poésie, les mots… Mais à côté de ça, la musique avait une place capitale dans ma vie. Quand j’ai découvert que je pouvais être journaliste musical c’était le jackpot pour moi. Je n’aurais pas pu rêver mieux. Chaque jour est une nouvelle opportunité de vivre de mes deux passions qui sont l’écriture et la musique.
Qu’est-ce que « A Rap & A Cup Of Tea » magazine ?
C’est un magazine tout en Anglais qui met en avant le Rap et R’n’B Francophone. On aime aussi parler des rappeurs émergents et bourrés de talents qui viennent tout droit du Maghreb, d’Afrique Centrale ou alors d’Australie. Notre but, c’est de promouvoir le Hip-Hop Français, ses leaders et ses nouveaux talents, à un public Anglophone. Nombreux sont les Anglais qui ont déjà entendu des artistes francophones sans trop savoir de qui il s’agit et je trouve important de “rendre à César ce qui est à César”. Ce magazine c’est aussi le projet de ma vie, j’y ai mis tout mon temps, mon cœur et ma détermination.
Comment le développer dans l’heure de la communication digitale ?
C’était important pour nous de créer un magazine en ligne et exclusivement disponible sur internet. Déjà, pour une raison écologique et contribuer à la sauvegarde de notre planète et deuxièmement pour qu’il soit accessible à tous sans contrainte de lieu. Parler de Rap Français ça implique que beaucoup de Français vont vouloir lire les interviews de leurs artistes préférés mais comment le pourraient-ils si ce magazine n’est disponible qu’en Angleterre ? C’était inenvisageable pour nous. Pour tout ce qui est en relation avec sa promotion et ses outils de communication, je travaille main dans la main avec Adélaïde Dominiak-Gorski et c’est de loin la meilleure que je connaisse. Elle a une excellente maîtrise des réseaux sociaux et sait vraiment s’en servir pour faire adhérer les gens à notre magazine. C’est quelqu’un de vraiment réactive et à l’écoute du public et de ses attentes. Je lui dois énormément.
Une adresse préférée à Londres ? Un quartier ?
C’est tellement difficile de choisir… J’aime autant flâner dans les marchés de Camden que d’aller me poser devant Big Ben à Westminster ou alors passer par Notting Hill lors du carnaval… Malgré tout, si je devais choisir un seul endroit, ce serait sans conteste le quartier de Kingston-Upon-Thames. C’est éloigné du centre c’est vrai, mais c’est un des plus beaux quartiers à mes yeux. Il y a tout : le calme des quartiers résidentiels, l’agitation du centre-ville, la sérénité au bord de la Tamise… C’est ici que j’étais Au Pair, et c’est également ici que je continue de venir me ressourcer dans ma famille Anglaise d’adoption.
Pourquoi avez-vous décidé de devenir expatriée ?
C’est un peu étrange à expliquer, mais depuis mes 10-11 ans, j’ai toujours été fascinée par l’Angleterre : sa famille royale, sa culture, sa liberté… C’était devenu une obsession pour moi de venir à Londres. A 18 ans, quand j’ai enfin pu agir à ma guise, je suis venue ici en tant que jeune fille Au Pair et je ne suis plus jamais repartie. Je voulais continuer mes études mais je n’avais aucune envie de rentrer en France, du coup je me suis tournée vers les universités Anglaises et j’ai découvert LES études faites pour moi : music journalism. C’est donc devenu une évidence de m’installer définitivement ici.
Si vous deviez organiser un dîner à Londres avec des personnalités vivantes ou mortes, qui inviteriez-vous ?
Nekfeu, Disiz et la Reine d’Angleterre Elisabeth II. Nekfeu et Disiz car ce sont deux rappeurs que j’admire profondément avec un réel sens de l’humain et de sa complexité. Et la Reine car j’ai entendu dire qu’elle était vraiment soucieuse du sort de son peuple et ça reste la Reine, c’est une icône. Je pense qu’il y aurait moyen d’avoir un bel échange entre nous quatre, et j’aime l’idée de la Reine en train d’écouter “Humanoïde” de Nekfeu.