Alors que Londres connaît une augmentation inquiétante du nombre de viols, de plus de 20% entre 2017 et 2018, force est de constater que seulement 6% des plaintes aboutissent à un procès et 3% à des condamnations.
Ces chiffres, annoncés par le gouvernement du Royaume-Uni, ont été accueillis de façon virulente. La cause principale de ces statistiques serait l’abandon des poursuites par les victimes suite à la divulgation de leurs données personnelles lors des enquêtes. Elles peuvent ensuite servir, lors des procès de contre argument pour l’accusé. Les victimes terrifiées à l’idée de voir leur vie privée étalée aux yeux de tous se retirent et laissent les agresseurs impunis. Le traitement de ces données numériques reste néanmoins très controversé et partage les avis.
L’université de Cambridge a été récemment mise au cœur d’une polémique ahurissante. Deux étudiantes se seraient vu refuser le droit interne de porter plainte pour agression sexuelle et viol. L’établissement aurait refusé de mener une enquête, le règlement général de la discipline ne prenant pas le cas en compte. Ces oppositions ont tout de suite été considérées comme illégales et dès le 1er octobre, l’université se verra dans l’obligation de modifier son règlement. Une affaire qui entache un peu plus la réputation de l’école déjà en déclin depuis ces dernières années.
The Guardian a publié, ce 31 juillet, un témoignage d’une anonyme venant renforcer ce sentiment d’injustice. La personne interrogée y décrit son expérience douloureuse avec la justice pénale anglaise et l’intrusion excessive de celle-ci. Elle va même jusqu’à dénoncer les agissements du gouvernement qui, face à son refus de donner accès au contenu de son téléphone a finalement abandonné l’enquête.
Ces problèmes deviennent trop fréquents et c’est pourquoi la commissaire aux victimes de Londres, Claire Waxman, a appelé la police à mieux se former pour prendre en charge de manière plus adéquate les victimes, devant déjà subir de graves dommages psychologiques. Elle a également demandé la fin de la divulgation excessive des données dans l’unique but de décrédibiliser le plaignant. Il est important de rappeler que cette nouvelle loi, apparue en Angleterre et au Pays de Galles, devait servir à démontrer la bonne foi de la victime et non l’inverse.
Des solutions ont bien sûr été proposées, collants poilus, vernis capteurs de drogues du viol, applications portables, des gadgets dignes de films d’espionnage. Mais, au vu des retours, ces dispositifs ne semblent malheureusement pas être assez efficaces…
Ask for Angela le service mis en place par la police UK comme un nom de code universel pour obtenir de l’aide des personnes extérieures a bien sûr remporté du succès. Mais le viol considéré comme un sujet très tabou, ce simple mot d’alarme n’a pas été assez démocratisé.
Les autres issues à ce problème seraient de faire évoluer les mentalités à travers l’éducation et la prévention de la violence sexuelle dès l’école. Il a été prouvé que beaucoup de femmes étaient victimes d’attouchements dans les espaces publics et que les personnes extérieures n’intervenaient pas, devenant alors tour coupables de non-action envers une personne en danger.
La législation, ces dernières années ne prenait en compte que les victimes féminines dans l’engrenage, seulement depuis peu, la gente masculine commence à mettre aussi de mots dessus, car si le débat fait rage autour des femmes victimes de ces pratiques, les hommes peuvent les subir aussi.
Emma Lachevre