Pour la première fois depuis dix ans, Exchange Theatre, la compagnie et société de production française basée à Londres recréer sa pièce phare, rebelle et dans l’air du temps Les Mouches de Jean-Paul Sartre. David Furlong, le directeur artistique et également comédien, revient sur cette pièce plus en détails.
A chaque fois qu’elle tape les trois coups, la troupe Exchange Théâtre cherche à défendre ses trois principales valeurs : diversité, originalité, modernité. Ces comédiens de toutes origines emmènent leurs points de vue différents dans un spectacle divertissant, mais pour en ressortir avec un réel outil de réflexion et c’est pourquoi le souci de mise en scène, en relation avec la société et l’innovation est au cœur des interprétations. Londres Mag a rencontré entre deux représentations le directeur artistique David Furlong pour revenir sur ce nouveau projet.
Londres Mag : Pourquoi avoir choisi une pièce comme Les Mouches de Sartre ?
David Furlong : Avant tout, parce que c’est une pièce qui est très moderne, toujours dans l’actualité. Par exemple, il y a dix ans, elle collait parfaitement avec le contexte en Irak et le mensonge des armes de destruction massive. Aujourd’hui elle est plus en rapport avec la montée du fascisme ou des extrémismes aux pouvoirs comme on le voit avec le Brésil, les Etats-Unis et l’incapacité du peuple à faire face.
Londres Mag : Vous reprenez une pièce que vous avez déjà jouée il y a dix ans, vous vous attendiez à un tel succès ?
David Furlong : Alors le succès d’il y a dix ans absolument pas puisque nous n’étions encore pas très développés et c’était tellement inattendu de voir tout ce monde. Mais nous étions ravis !
Pour les représentations actuelles, on ne peut pas encore parler de succès, nous n’avons commencé que depuis trois jours, mais disons que nous avons davantage communiquer, forcement avec l’expérience il y a des choses plus évidentes et faciles à mettre en place. Mais le but restait quand même d’innover un peu par rapport à la précédente.
Londres Mag : Avez-vous repris le même casting qu’il y a dix ans ?
David Furlong : Non, nous avons tous suivi des chemins différents, à l’époque par exemple, les musiciens étaient mes colocataires, aujourd’hui nous en avons recruté un nouveau. Pour autant, l’un des anciens guitaristes est venu pour nous aider et orienter le groupe, il y a un bon état d’esprit.
Londres Mag : Comment le casting s’est déroulé ?
David Furlong : Ça a été très compliqué, et plutôt long, je dirais trois mois pour les recherches d’acteurs et du groupe de rock, ensuite une semaine pour tous les caster, on a vécu une semaine intense, une recherche de tous les moments !
Londres Mag : La pièce est en français, mais aussi en anglais, cela n’a pas été compliqué de ne caster que des acteurs de nationalité française ?
David Furlong : Absolument pas, tous sont francophones bien sûr, mais ils viennent de Belgique, Andorre, Australie… Certains mêmes sont français mais installés ici depuis des années.
Londres Mag : Intégrer un groupe de rock à une pièce n’est pas commun, pourquoi ce choix ?
David Furlong : Je me suis souvent fait la réflexion, au théâtre, la musique n’est présente que pour rythmer la fin d’une scène, le début d’une autre. Pourtant, elle peut être extrêmement utile pour transmettre une émotion. C’était intéressant de mêler ces deux disciplines.
Londres Mag : Pourquoi avoir mis des écrans tout autour de la scène ?
David Furlong : On projette des images pendant le spectacle en termes d’informations complémentaires. À l’inverse ça sert aussi à dénoncer la propagande que l’on subit au quotidien. Pour terminer, je dirais aussi qu’il faut réfléchir plus en profondeur sur le gaspillage de la société moderne. Imaginez qu’un jour, on se retrouve sans réseau, plus rien, à quoi vont servir toutes ces choses ? Les entasser ?
Londres Mag : Une dernière question, vous donnez vos propres cours, pourquoi ne pas avoir fait jouer vos élèves ?
David Furlong : Nous sommes une société de production, notre but principal est de produire des représentations entre professionnels. Les cours que nous donnons à côté sont ouverts à tous et les élèves ne se produisent que lors d’une représentation de fin d’année. C’est une activité supplémentaire que je voulais ajouter à Exchange Theatre.
Emma Lachevre