Le mardi 8 octobre, l’Institut français à Londres organisait une conférence sur le sujet favori des Britanniques : l’Europe. Nommée « L’Europe au-delà des frontières 1989-2019 », la conférence accueillait Marion Van Renterghem, journaliste au Monde et Dennis MacShane, ancien ministre britannique de l’Europe de 2002 à 2005.
« Il y a trente ans, je n’avais pas trente ans, le mur de Berlin tombait et on croyait à la fin de l’histoire ». La phrase de l’ouvrage « Mon Europe, je t’aime moi non plus 1989-2019 » de la journaliste française, Marion Van Renterghem, plante le décor. Evidemment, l’idée de Francis Fukuyama de « fin de l’histoire » s’est avérée loin de la réalité. Le livre fait une plongée dans le monde contemporain avec ses évolutions des sociétés européennes au cours des 3 dernières décennies.
#Europe Beyond Borders, with @DenisMacShane, @MarionVanR & Anna Reading this Tuesday evening at the @ifru_london. pic.twitter.com/DZDixGol6g
— Alexander Seale (@AlexSeale) October 8, 2019
1989-2019 : 30 ans de carrière pour Manon Van Renterghem et de bouleversements pour l’Europe
En 1989, Manon Van Renterghem venait de commencer dans le journalisme. Un métier qui a énormément évolué en 30 ans, notamment avec l’apparition des réseaux sociaux, des nouvelles technologies … Tout ce qui fait finalement que le monde a changé. Pour l’ancienne journaliste du Monde, lorsque le mur de Berlin se tenait encore debout, le monde était plus simple à lire, à comprendre, à analyser. Tout était vu sous le prisme de la Guerre froide. Le monde était bipolaire, séparé par le rideau de fer. Trente ans plus tard, la bipolarité se situe au sein même des pays. Elle constate qu’il y a « deux France, deux Etats-Unis, deux Italie, deux Royaume-Uni… ». C’est ce basculement de l’optimisme démocratique en 1989 à la naissance du populisme-nationalisme en 2019 qu’elle explique dans son livre à travers des portraits de dirigeants qu’elle a pu rencontrer au cours de sa carrière.
Boris Johnson et Viktor Orban : des symboles du « populisme sans conviction »
La carrière de Manon van Renthergem lui a permis de rencontrer les actuels dirigeants hongrois et britanniques. Elle a notamment pu suivre Viktor Orban puisqu’elle est partie un an à Budapest en 1993. Un homme dont elle a vu la genèse politique qui incarnait l’espoir démocratique et qui régnait dans une Europe centrale où le mouvement Solidarność triomphait de la dictature communiste en Pologne. Ce n’est qu’au fur et à mesure et par des petits calculs politiques que le Premier ministre hongrois a glissé vers l’extrême droite aujourd’hui. Il a su jouer sur les peurs d’une population déçue de la mondialisation. Elle fait exactement le même constat sur Boris Johnson, qu’elle avait interviewé en 2013 pour Le Monde et qui avait déclaré « nous serions bien stupides de vouloir sortir de l’Union Européenne ». Le Premier ministre britannique ne se serait donc positionné contre le « Brexshit » que par pur intérêt électoral. Cela explique donc qu’il ne soit absolument pas préoccupé par la recherche d’un accord. Par ailleurs, selon Denis MacShane, le Brexit n’aura pas lieu. L’ancien ministre qui voyait, avant tout le monde, le « Leave » remportait l’élection, pense que le processus ne peut aboutir. Il existe trop de blocages institutionnels, et la volonté politique quasi-néante des dirigeants rendent impossible sa consécration. En 2016, Denis MacShane avait déjà eu le bon pronostic, l’aura-t-il à nouveau ? Début de réponse le 1er Novembre …
Alexandre Mondragon