L’improvisation retraverse l’Atlantique pour une rencontre au sommet : l’équipe francophone londonienne affronte la LNI, son homologue montréalaise, le 3 avril. A quelques jours de ce match international à Westbourne Park, entretien exclusive avec l’entraîneur de l’équipe canadienne.
En termes d’impro, les Canadiens ont toujours le bon mot. La LNI, ligue nationale d’improvisation, est la mère patrie de l’expression dite. Avant sa date au Tabernacle théâtre le 3 avril, l’entraîneur de l’équipe canadienne, Christian Brisson Dargis a dévoilé quelques secrets de fabrication et surtout un amour de la scène et du partage.
Londres Mag : Comment expliquer l’improvisation à un novice ? C’est du « théâtre spontané » ?
Christian Brisson Dargis : C’est en effet plusieurs petites pièces de théâtre de longueur variable et ce qu’on cherche c’est leur aspect théâtral grâce à l’interprétation, plutôt que le côté humoristique. J’aime l’humour qui vient des situations. C’est plus que de l’improvisation, l’improvisation est un art.
Publiée par Théâtre de la LNI sur Mardi 19 mars 2019
Londres Mag : Quelle est la particularité de la LNI ?
Christian Brisson Dargis : C’est la ligue à partir de laquelle tout est parti. Il y a beaucoup d’autres ligues au Canada mais pour un amateur d’improvisation, c’est comme viser la ligue nationale de hockey ou les grandes équipes de foot pour vous autres Français. Pourtant j’ai intégré la ligue un peu par hasard, par l’intermédiaire d’un ami qui m’avait vu dans un de mes spectacles. La LNI m’a, alors, appelé pour être coach, c’est quelque chose qu’on ne remet pas en question ! (Sourires)
Londres Mag : En quoi consiste le travail d’entraîneur d’improvisation ?
Christian Brisson Dargis : C’est très changeant d’une année à l’autre selon l’envie. L’essentiel c’est que les joueurs se sentent bien ensemble, en confiance et disposés à ne pas avoir d’égo. Je pars du principe que ces joueurs sont capables de tout faire et doivent avoir l’humilité de visiter des zones un peu plus inconnues et repousser leurs limites. Et c’est dans ces moments-là que les meilleurs moments de théâtre se révèlent.
Plus que quelques jours avant cette incroyable rencontre entre la FBI et la LNI. Nos amis Québecquois, reconnus comme…
Publiée par FBI – French British Improvisation sur Vendredi 29 mars 2019
Londres Mag : Qu’est-ce que cela symbolise pour vous de jouer à un match de la Francophonie ?
Christian Brisson Dargis : C’est chouette de jouer à Londres dans le bassin francophone, comme on a l’habitude chez nous. C’est un signe que cette discipline est bien implantée dans le monde. En plus l’équipe avec laquelle nous allons nous produire est de très grande qualité, je la vois évoluer depuis des années. La ville est, en plus, extraordinaire, nous avons réussi intégrer Londres dans notre tournée internationale. C’est un rêve de jeune comédien de monter sur scène dans cette ville ! Et l’improvisation m’a permis de le faire !
Londres Mag : L’improvisation, malgré son nom, est un art très codifié. Quels sont-ils ?
Christian Brisson Dargis : Il y a deux équipes de chaque côté, avec l’improvisation comparée où toutes deux doivent raconter deux histoires sur le même thème et une l’improvisation mixtes . Et puis les comédiens demandent au public de se prononcer, de voter. Il y a les lectures de thèmes, les présentations de départ, les hymnes. Celui de la LNI (la Feuille d’érable ndlr) a failli être l’hymne national du Canada, depuis la création de notre ligue, il débute les matchs, un peu comme dans tous les événements sportifs.
Londres Mag : Oui d’ailleurs, vous appelez les comédiens des « joueurs », l’improvisation est un sport à part entière ?
Christian Brisson Dargis : Oui et quand il s’agit de théâtre, il y est question de jeu. Un peu comme les enfants, les acteurs s’invente une vie sur scène donc le terme s’applique très bien. L’improvisation c’est de marcher sur la fine ligne entre les deux disciplines.
Publiée par FBI – French British Improvisation sur Jeudi 29 mars 2018
Londres Mag : Quelle est la différence avec la théâtre ?
Christian Brisson Dargis : Le public fait la grosse différence ,l’affect avec les comédiens est direct et fluctue avec le ressenti du public et l’énergie du live. Dans l’improvisation, ce que l’on fait n’existe pas avant le soir même, on est directement nourri par la salle. Le public londonien qui suit les matchs est très généreux et réactif, le spectacle de l’année précédente était un très beau souvenir.
Londres Mag : Quel est le secret de l’improvisation ?
Christian Brisson Dargis : Il faut s’exercer à être dans le moment présent et à écouter l’autre. Tout se passe avec la connexion des deux acteurs sur scène. Parfois des idées banales peuvent être un début de placement. Il ne faut pas avoir envie de faire le gag le plus drôle, et ces réponses ne sont pas dans nos têtes. Les thèmes sont tenus secret de tous surtout des improvisateurs. Rien n’est préparé par avance, les comédiens se jettent totalement dans le jeu !
PRATIQUE
Le 3 avril
6° match d’improvisation international
À 19h
The Tabernacle
34-35 Powis Square, London W11 2AY